RÉSISTANCE INTÉRIEURE FRANÇAISE

RÉSISTANCE INTÉRIEURE FRANÇAISE
RÉSISTANCE INTÉRIEURE FRANÇAISE

RÉSISTANCE INTÉRIEURE FRANÇAISE

Si l’on date la résistance extérieure, la France libre du 18 juin 1940, jour où le général de Gaulle a prononcé son premier discours de Londres affirmant que la France avait perdu une bataille, mais non la guerre, on ne date pas la résistance intérieure. Cette résistance est le fait d’hommes qui refusent l’occupation allemande et la défaite des armes. À une immense majorité, les Français bousculés sur les routes de l’exode avaient donné leur adhésion au maréchal Pétain. Le chef de l’État s’engage successivement dans la «révolution nationale» dès juillet 1940, dans la «collaboration» avec l’Allemagne (Montoire, oct. 1940), puis dans la lutte contre la «dissidence» et la Résistance et dans le Service du travail obligatoire (S.T.O.) en Allemagne: chacune de ces étapes pousse un nombre croissant de Français au refus, puis au combat. L’occupation de la zone sud, en novembre 1942, amènera l’extension de la résistance dans cette zone et permettra paradoxalement l’unification progressive des mouvements des deux zones, dans une opposition politique et militaire tout ensemble à l’occupation nazie et au régime de Vichy. En zone sud, dès août 1940, Henri Frenay avait publié son premier manifeste, puis fondé le Mouvement de libération nationale (M.L.N.); celui-ci devient le mouvement Combat en 1941 (avec Claude Bourdet, François de Menthon, Pierre-Henri Teitgen, Georges Bidault); d’autres mouvements se créent dont, parmi les plus importants, Libération (nov. 1940) et Francs-Tireurs (1941). Leurs tendances unissent socialistes et militants d’action catholique. Si l’action directe reste longtemps limitée, la pensée d’une république nouvelle, aussi opposée à Vichy qu’à la IIIe République, s’élabore. Une résistance non militaire apparaît avec des mouvements comme Témoignage chrétien, commun aux deux zones. Une résistance intellectuelle se manifeste, à travers la parution, d’abord très limitée, d’une presse clandestine (Les Lettres françaises , éd. de Minuit). En zone nord, occupée dès 1940, le caractère militaire de la résistance l’emporte. Les principales organisations sont: Organisation civile et militaire, Ceux de la résistance, Ceux de la libération. Dès 1940 s’étaient créés des réseaux de renseignement liés à Londres. En octobre 1941, la résistance extérieure crée le Bureau central de renseignement et d’action militaire (B.C.R.A.); elle compte des hommes tels que Passy, Soustelle, Brossolette et Manuel, et va coordonner les envois d’armes et d’agents de liaison en France occupée. C’est là que commence la guerre des ondes: «Les Français parlent aux Français», de Londres, animée par un groupe de journalistes (Maurice Schumann, Jean Marin, Pierre Bourdan).

D’abord paralysé par le pacte germano-soviétique, le Parti communiste clandestin n’avait pas tardé à durcir son opposition; à partir de juin 1941, il jette toutes ses forces dans la résistance. Son organisme, le Front national, s’efforce de rallier des hommes d’autres tendances. Par des actions de sabotage et de provocation à l’égard des troupes d’occupation, ayant pour but de créer un climat d’insécurité, la résistance communiste amène les occupants à prendre des mesures de répression de plus en plus sévères (exécutions d’otages et déportations); décimée, elle y gagne pourtant de faire connaître son existence, sa force, et elle se voit sans cesse renforcée d’adhésions et de recrues nouvelles. La propagande même des nazis allemands et des fascistes français, désignant le communisme comme l’ennemi principal, renforce encore son importance et son rôle. Le gouvernement de Vichy adopte des mesures de plus en plus impopulaires, telle la création de tribunaux d’exception s’érigeant pour condamner les résistants appréhendés; une part grandissante de l’opinion, qui n’a pas participé à la résistance patriotique des premiers mois, juge sévèrement cette répression et assure aux résistants une sympathie qui va de plus en plus vers la complicité. La résistance communiste n’a aucun lien avec Londres et garde jusqu’au bout une indépendance aussi bien idéologique que militante. Pourtant, de Gaulle s’attache à unifier sous sa direction les mouvements de résistance. Jean Moulin, parachuté en France le 1er janvier 1942, réalise en partie cette union et constitue le Mouvement uni de la résistance (M.U.R.). En 1943, encouragé par le ralliement de certains leaders politiques, de Gaulle provoque à Alger la réapparition des anciens partis, cela souvent contre les vœux des résistants. Le Conseil national de la résistance, qui tient sa première réunion à Paris, rue du Four, le 27 mai 1943, comprend des représentants des principales tendances: Parti communiste, Parti socialiste, Parti radical, démocrates chrétiens, tenants de la droite classique, auxquels se joignent des représentants syndicaux. En 1943, l’attente de la libération par les armées alliées est quasi générale, même chez ceux qui demeurent partisans du maréchal Pétain. En France, le S.T.O. fournit les maquis en jeunes réfractaires: se cachant dans les régions peu accessibles et dans les contrées où une végétation abondante masquait les mouvements de groupes (Savoie, Dauphiné, Limousin, Morvan, Jura, Auvergne), ils sont aidés puis pris en main par les mouvements de résistance qui leur fournissent vivres et papiers puis, les incluant dans l’action directe, leur procurent encadrement, armes et munitions. A travers les maquis, la résistance prend elle-même des formes diverses, selon les tactiques adoptées. Créé en 1941 et ayant aux côtés des dirigeants communistes (Tillon, Joliot, Wallon, Pierre Villon) des hommes tels que Louis Marin et Jacques Debû-Bridel, le Front national engage ses maquis dans une action de harcèlement des forces allemandes et de la milice. À la différence, le Mouvement uni de la résistance et l’Organisation de résistance de l’armée préféraient conserver leurs maquis en réserve pour une action généralisée et concentrer leurs effets sur la transmission de renseignements aux Alliés et aux F.F.L. Les maquis de la résistance interviennent en force à partir du débarquement allié en Normandie (juin 1944), soit en démantelant les réseaux de communications ferroviaires utilisés par les Allemands, soit en acceptant des engagements sur positions afin d’opérer une fixation des forces ennemies. Dans les actions de cette dernière sorte, les pertes subies furent souvent importantes: plateau des Glières (févr.-mars 1944) où cinq cents maquisards sont attaqués par vingt mille soldats de la Wehrmacht; mont Mouchet (juin 1944) où trois mille F.F.I. acceptent le combat; Vercors, enfin (juin-août 1944), où sept cent cinquante des trois mille cinq cents hommes de la Résistance tombèrent dans un combat qui les opposa à deux divisions allemandes.

Au cours du second semestre de 1943, les territoires de l’Empire français et les forces armées extérieures et intérieures étaient devenus dépendants du Comité français de libération nationale créé en juin et celui-ci prenait, le 4 avril 1944, le nom de Gouvernement provisoire de la République française. Dès lors, la Résistance formait un tout organique et recevait une nouvelle force de son insertion même dans la nouvelle structure politique. Le G.P.R.F. comprend une assemblée consultative au sein de laquelle on trouve des représentants de tous les mouvements de résistance; aussi, au printemps 1944, l’union s’accomplit progressivement entre l’Armée secrète, l’Organisation de résistance de l’armée (O.R.A.) et les Francs-Tireurs et Partisans (F.T.P.).

Le général Koenig est nommé chef des Forces françaises de l’intérieur (F.F.I.); quant au C.N.R. il établit un programme politique, économique et social, et réclame une sévère épuration qui devait guider l’élaboration du nouveau gouvernement. En tout état de cause, la Résistance est unanime dans son refus d’un retour à la IIIe République.

Mais la résistance la plus significative reste, peut-être, la résistance quotidienne souvent passive de quantité de Français qui s’efforcèrent de gêner et de contrarier l’ennemi par des actions et des omissions individuelles multipliées, qui montrent l’opposition d’un peuple à son asservissement.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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